Le mois dernier, nous avons partagé avec vous la déclaration de la jeunesse lors de la conférence d'examen sur les mines antipersonnel. Aujourd'hui, cette déclaration a été officiellement traduite en français, rendant ainsi plus accessible le message fort des jeunes du monde entier.

Déclaration de la jeunesse à la Cinquième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel


Merci, Monsieur le Président. Votre Altesse Royale, vos excellences, délégué-es, collègues, ami-es.

Nous parlons au nom des 45 Mine Action Fellows présent-es ici. Nous remercions la présidence cambodgienne et nos donateurs, le Royaume-Uni, la Suisse et le Canada, d'avoir facilité notre participation ici.

Cette semaine, nous avons eu l'occasion d'apprendre les uns des autres, de nos collègues de campagne et de vous, les États. Notre rencontre avec des survivant-es a été l'un des moments les plus mémorables.

Bien qu'une mine antipersonnel n'explose qu'une fois, ses effets se font sentir longtemps après, touchant les survivant-es et leurs communautés pendant des années. Il est essentiel de veiller à ce que les survivant-es reçoivent le soutien nécessaire à leur rétablissement et à leur réintégration dans la société.
Les mines terrestres rendent l'agriculture, les infrastructures, le commerce et la réhabilitation impossibles. Elles empoisonnent les écosystèmes, bloquent l'accès aux ressources vitales et compromettent les progrès mondiaux en matière d'action climatique en empêchant la restauration des terres, les projets d'énergie renouvelable et les efforts de reforestation. La situation est encore aggravée si l'on n'adopte pas une approche intersectionnelle qui considère le genre, la diversité et l'environnement comme des éléments clés pour résoudre ce problème. Par exemple, les filles ne sont pas seulement confrontées à des séquelles physiques, mais aussi à une marginalisation sociale, à un manque d'accès au soutien psychosocial et à un risque accru de violences basées sur le genre. Quant aux populations déplacées et aux communautés autochtones, elles sont confrontées à des difficultés exacerbées.
Nous avons constaté à maintes reprises l'importance de l'action antimines. Il ne s'agit pas seulement de déminer des terres, mais aussi d'ouvrir la voie vers la dignité, l'égalité et un avenir où personne n'est laissé pour compte.
Après une semaine de conversations, d'événements parallèles et de séances plénières, nous nous retrouvons avec ces questions qui demeurent sans réponse :

1. Nous savons que la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel est une réussite mondiale avec une norme forte. Nous nous demandons donc pourquoi la condamnation de l'utilisation des mines antipersonnel par quiconque et dans n'importe quelles circonstances est devenue une revendication controversée?

2. Si la soumission de votre rapport de transparence en vertu de l'Article 7 est une obligation légale claire, pourquoi le taux de complétion reste-t-il si bas?

3. L'accent mis sur l'assistance aux victimes cette année a été remarquable, mais pourquoi est-il si difficile d'obtenir un financement pour ces programmes nécessaires?

En tant que jeunes impliqué-es dans l'action antimines, nous sommes profondément préoccupé-es par l'utilisation de ces armes mortelles et aveugles.

La décision des États-Unis de transférer des mines terrestres à l'Ukraine remet en question les normes de cette Convention. L'Ukraine a le droit de se défendre, mais elle ne peut pas utiliser ces armes en violation de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

Nous demandons aux États-Unis de revenir sur leur décision de transférer des mines antipersonnel. L'Ukraine, en tant qu'État partie à cette Convention, ne peut accepter ces cadeaux mortels.

Le plan d'action de Siem Reap Angkor adopté aujourd'hui façonnera notre avenir. En tant que jeunes voix dans cette salle ayant vu les effets des mines antipersonnel, nous nous engageons à travailler avec vous, les États parties, pour réaliser le potentiel de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

Le monde s'est battu pour cette Convention afin que notre génération et toutes celles qui nous suivront puissent bénéficier d'un monde sans mines; nous vous demandons donc à tous de rester fermes afin que nous puissions réaliser ce potentiel.

En tant que futurs protecteurs et protectrices de la paix, nous exigeons une adhésion plus forte au droit humanitaire international et appelons à un engagement renouvelé en faveur d'un monde sans mines antipersonnel. Le chemin de la paix ne peut être pavé d'armes conçues pour mutiler et tuer sans discrimination. Il est temps de prendre des mesures décisives.

Merci.